“Dis maman, pourquoi est-ce que j’ai envie de manager mon manager ?” Série de discussions entre mère et fille. –

J’ai trop souvent senti que tu implosais suite à certains comportements de tes managers mais je t’ai aussi vu dans d’autres circonstances les suivre à l’aveugle. Alors qu’est ce qui fait la différence entre un « bon » et un « mauvais » manager ? Pourquoi tu te serais damné pour l’un et pas pour l’autre ?… intéressant.

Tu étais alternante depuis 2 ans et tu as (enfin) eu la chance de croiser la route d’une jeune femme manager que tu as tout de suite adoré, je dirais même encensé. Pour toi elle n’avait que des qualités, aucun défaut. Ce qui me semble aussi louche que de n’avoir que des défauts et aucune qualité. Ton caractère entier te joue encore des tours, tu aimes ou détestes, c’est noir ou c’est blanc, pas de compromis avec toi.

Quand j’y réfléchis c’est d’ailleurs la seule femme (à part moi) que tu as eu comme manager et bizarrement (ou pas), c’est la seule que tu as autant aimée. Doit on “aimer” son manager pour avoir envie de le ou la suivre ? Pour lui faire confiance?

Dès votre premier rdv le ton était donné. Elle était belle, avenante, solaire et elle te proposait de vous retrouver dans un café pour votre premier entretien. Bien ou pas ? je ne sais… est-ce qu’un café est le bon endroit pour un entretien de recrutement ? En tous cas le côté informel du lieu a facilité vos premiers échanges.

Elle est manager commerciale d’une entreprise d’un peu moins de 10 salariés. Elle te donne rapidement son aval suite à ce 1er entretien, ce qui est appréciable car l’attente d’une réponse à une candidature peut parfois s’apparenter à une torture. On oublie vite en tant que recruteur par où on est parfois soit même passé. Le droit du OUI ou NON donne une posture de tout puissant à celui qui détient le droit de réponse et de l’autre côté un sentiment de n’être pas grand-chose pour celui qui attend le couperet.

Tu intègres cette entreprise rapidement et elle te prend sous son aile, te transmet tout ce qu’elle sait de son métier et t’emmène avec elle pour en comprendre les ficelles.

Hélas, elle ne restera pas dans l’entreprise et la flopée d’alternants qui avait été embauchés en même temps que toi sont devenus orphelins à son départ. Un nouveau Directeur arrive, il est censé « redresser la barre » mais n’a pas compris qu’il avait d’abord besoin d’embarquer l’équipage dans sa lourde mission avant d’appliquer son plan. Aucun soutien, pas d’accompagnement, votre motivation à tous bât de l’aile et sentant qu’il perd la face il vous “liquide” un par un.


Il y aura aussi ce duo de jeunes créateurs de Start Up qui dégagent fortement l’impression d’être arrivés alors qu’ils n’ont concrètement pas vraiment démarré. Est-ce la maladie de toutes les Start Up ?  Eux ont tout de suite et toujours mis des distances avec leur équipe composée uniquement d’alternants. Ce sont les boss. Ils t’ont embauché pour accomplir le travail que personne ne veut/sait faire. La prospection téléphonique ! Tu passes tes journées au téléphone, à décrocher des rendez-vous et tu t’en sors bien, peut-être même trop bien, ce qui ne leur a pas donné envie de te confier d’autres fonctions plus intéressantes. Dommage. Tu t’épuiseras et tu les épuiseras en retour. Ils te mettent « courageusement » en télétravail forcé plutôt que d’engager de vraies discussions avec toi. C’est du haut de tes 20 ans, que tu finiras par leur demander un entretien pour comprendre ce qui se jouait des 2 côtés, ce qui arrangera momentanément les choses. Je me souviens avoir été très fière de ta maturité dans cette situation émotionnellement difficile.

Les managers attendent trop souvent les alternants comme des messies pour pallier au manque d’effectif. Ils voient en eux une solution miracle. Alors quand « la solution » n’apporte finalement pas de miracles, quand le respect n’est pas toujours au rendez-vous, que le travail qui est fait est souvent à refaire, quand la patience s’effrite et que la confiance s’étiole, c’est parfois difficile de maintenir le cap d’une collaboration sereine.

Les alternants ne sont effectivemment pas des salariés comme les autres, ils sont dans nos entreprises pour apprendre. A eux de vouloir apprendre en retour. Certes ils peuvent se révéler être des pépites si on leur transmet le sens de leurs actions (très important), qu’on cadre le travail ensemble, qu’on leur explique comment il faut faire, qu’on leur donne de la considération quand c’est mérité et de l’écoute quand ils en ont besoin. Les aides financières liées à l’apprentissage, devenues généreuses après le Covid sont là pour offrir cet espace-temps nécessaire au manager, pour permettre « d’essuyer les plâtres », de ne pas attendre une rentabilité immédiate. 

Tentons de prendre soin de nos alternants, et même plus largement de chacun(e) dans l’entreprise, faisons de notre mieux pour donner le goût du travail ensemble, même si je l’avoue et l’ai même plusieurs fois expérimenté, c’est loin d’être toujours (si) simple.

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