De l’entrepreneuriat au spectacle : la vie est un jeu

Après avoir vendue avec succès sa société de recrutement au Groupe Proman, Rachel Vandendooren, talentueuse entrepreneure s’est fixée un défi : construire un spectacle et monter sur scène. 
Défi relevé ! Entreprendre est un état d’esprit, Rachel l’incarne à merveille et nous le partage dans cet échange et tant d’autres que j’ai le privilège d’avoir avec elle.

 

Quand et pourquoi es-tu devenue entrepreneure Rachel ?

Personnellement dès que j’ai commencé dans ma vie professionnelle j’ai l’impression que je me suis toujours sentie entrepreneure. J’ai « fait les choses » pour mes patrons comme si c’était pour moi.

Pour ce qui est de devenir réellement entrepreneure, j’avais 32 ans, c’était en 2007.

Plusieurs choses m’ont décidé à me lancer. D’abord la confiance en moi que j’avais acquise durant mes 9 années d’expériences avec le groupe d’Interim UNIQUE. J’ai porté beaucoup de « casquettes » : commerciale, management, production, consultance…j’ai ouvert une agence, puis une 2ème, puis j’ai supervisé 2/3 bureaux, j’ai beaucoup appris.

Ensuite j’avais l’envie d’être libre en terme d’horaires. Le 8 heures-17 heures c’était pas pour moi. J’étais maman et j’avais une envie de liberté même si je me doutais que je ne pourrais pas aller chercher mes filles tous les soirs à l’école et que même quand je serais là, physiquement avec elles, je n’y serais pas toujours pleinement dans ma tête. J’avais aussi un gout du défi, du challenge, l’envie d’y arriver et le déclic je l’ai eu quand le papa de mes filles qui était à son compte m’a dit un soir « mais pourquoi tu ne le lancerais pas ta propre boite ? ».  Ça m’a trotté dans la tête … et 20mn après je me souviens que j’avais pris ma décision. Parfois il n’y a pas 36000 explications… il ne faut pas trop fonctionner avec sa tête, il suffit de respirer et de voir que le chemin est fluide.

 

Est-ce que tu peux faire le pitch de ton entreprise PROSELECT que tu as dirigé pendant 14 ans Rachel ?

C’est une entreprise de recrutement, qui permet de trouver la bonne personne à la bonne place, au bon moment. Il faut bien connaitre les sociétés, les aider à formuler leurs besoins, déployer différents canaux de communication et les bonnes méthodes de sélection. Petit à petit on a développé d’autres services comme l’assesment, l’outplacement ou encore le développement humain.

 

Est-ce que tu peux nous raconter la croissance, l’évolution de ton entreprise ?

J’ai démarré seule en 2007. Je me souviens que quand je me suis assise la première fois dans mon bureau (enfin plutôt mon grenier ;-), je savais déjà que je ne travaillerais pas seule. Je voulais apprendre des autres et apprendre aux autres.

Très vite j’ai eu beaucoup de demandes de la part des entreprises que j’ai démarché et en février 2008 j’ai embauché Stéphanie puis quelques mois après Olivia. On a navigué les 3 pendant 2 ans et puis j’ai embauché une 3ème, et une 4ème personne, dont Alexis, qui a démarré chez PROSELECT avec une fonction mixte commercial/consultant interne et qui est devenu mon bras droit au fil des années pour finir le Directeur de PROSELECT à mon départ en 2021.

Ces différentes embauches m’ont permis de travailler davantage « sur » l’entreprise et non plus « dans » l’entreprise tout en gardant une casquette commerciale. Pour moi le fondateur, « la source » de la boite doit avoir une fonction commerciale. Chez PROSELECT nous devions aller chercher 80% de nouveaux clients chaque année, alors on devait avoir une stratégie commerciale présente et précise !

Une 5ème et 6ème personne nous rejoignent et arrivent les 10 ans de PROSELECT. Je me sens fatiguée de tout gérer toute seule. J’ai besoin d’une nouvelle énergie extérieure, j’en parle autour de moi et 3 opportunités de rachat se manifestent : 1 groupe américain et 2 groupes français. Le dernier à se présenter c’est le groupe PROMAN et ce sera le bon. Ça s’est fait rapidement et de façon fluide. D’abord parce que j’ai reçu une belle offre, ensuite j’ai apprécié les valeurs de PROMAN et j’avais envie de vendre à des français dans l’idée de développer PROSELECT en France. Quand j’ai revendu PROSELECT on faisait 900 000€ de chiffre d’affaires avec une marge entre 20 et 30% et quand j’ai complètement quitté PROSELECT fin 2021 on était 17 personnes avec 4 agences dont une importante sur Liège.

 

Comment on fait pour fixer le prix de son entreprise et trouver des acheteurs ?

Soit on engage des sociétés spécialisées que l’on peut facilement trouver mais qui coutent chères, soit on travaille avec son cabinet comptable pour élaborer un prix et on parle de son souhait de vendre à certaines personnes ciblées, capables de toucher des acheteurs potentiels. La valorisation d’une entreprise c’est très « touchy » en fonction du secteur d’activité et de son potentiel commercial, de l’humain qui est dans l’entreprise et qui va rester ou non.

 

Et que s’est-il passé pour toi après la vente de PROSELECT ?

Je suis restée 4 ans dans la boite en ayant toute la latitude de faire ce que je voulais. J’avais un chouette lien avec le groupe PROMAN qui était à distance et me faisait confiance. Ce n’était pourtant pas mes meilleures années. J’étais rassurée d’avoir fait une bonne opération financière et j’étais bien eu sein du groupe mais en même temps je sentais que j’étais au bout d’un chemin. Tant par rapport au secteur d’activité, que par rapport aux équipes, que par rapport à moi.

Après mon départ le groupe PROMAN m’a proposé de faire des missions pour booster commercialement des équipes, ce que j’ai fait pendant quelques mois dans la région de Strasbourg. Le fait d’apporter sa pierre à l’édifice sans être impactée directement parce que j’étais free-lance, c’était intéressant mais j’ai senti que ça ne me plaisait pas suffisamment alors je n’ai pas continué.

Quand j’étais dans ma dernière année chez PROSELECT j’avais été contactée par un incubateur de Start Up, le VENTURELAB (http://www.venturelab.be/) et maintenant je coache pour eux de jeunes entrepreneurs qui créent leur boite. Je suis aussi intégrée dans une coopérative d’entrepreneurs LA SMALA (https://www.lasmala.be/)dans laquelle j’ai investie de l’argent et du temps pour accompagner des projets d’entreprises “libérées”, des changements de gouvernance, d’actionnariat salarié. Je suis aussi bénévole dans une école de devoirs pour enfants, je les aide à recruter les bonnes personnes.

 

Mais tu as pris aussi d’autres chemins ?

Oui, j’ai eu l’idée un peu folle de mettre en scène un spectacle, de m’auto produire et de monter sur scène et par ce biais-là d’apprendre les techniques théâtrales, d’écrire un texte sur mes délires, mes souvenirs de me mettre en danger, certains diront de m’exhiber. (1)980 est un spectacle dans lequel chacun peut trouver de l’inspiration sur des thématiques de vie comme les changements professionnels, les relations parents-enfants, les relations affectives, l’amour…  tout ça avec humour, dérision et sérieux aussi. Je me suis bien amusé mais ça m’a demandé beaucoup de travail…C’était une période exigeante. C’était bousculant et très riche.

 

Qu’est-ce que tu imagines pour ton avenir ? De quoi as-tu envie ?

J’ai envie de continuer à vivre la vie au quotidien avec douceur comme j’ai appris à le faire ces deux dernières années et j’ai envie de mettre à profit les différentes formations que j’ai suivie (médiation et gestion de conflit, approche systémique, ennéagramme …) à travers mes coachings auprès des jeunes entrepreneurs. Je sens que j’ai une mission auprès d’eux parce que c’est eux qui vont construire l’avenir. C’est en lien avec ma mission qui est de faire émerger chez l’autre et chez moi une aventure humaine emprunte de douceur, de rire et de bienveillance pour faire éclore des nouvelles idées qui participeront à une terre plus apaisée. C’est ce que je m’attelle à faire à travers mes actions et ce que je suis.

 

Qu’est-ce que tu as trouvé de plus difficile en tant qu’entrepreneure ?

C’était d’embaucher des personnes et qu’après 3 ou 4 ans elles s’en aillent. C’est comme une chaise… si tu es assise dessus et que tu lui coupes un pied, tu vas avoir des problèmes d’équilibre…ça ne veut pas dire que tu vas tomber mais tu vas te sentir en danger. C’est toujours des moments délicats quand les collaborateurs quittent l’entreprise.

 

Est-ce que ça rend heureux d’être entrepreneur(e) ?

C’est une bonne question…J’ai l’expérience de 10 ans comme salariée et un peu plus en tant qu’entrepreneure et je pense qu’on n’est pas plus ni moins heureux dans les deux situations.

Même en terme financier, on sait bien que quand on rentre une facture de 10 000€ ce ne sont pas 10 000€ pour toi. Il y a des taxes et quand tu es employé tout ça s’est calculé pour toi.

Par contre c’est vrai que quand tu es entrepreneur et que ta boite tourne bien, ce qui était mon cas, tu peux disposer de davantage d’argent et ça peut procurer du bonheur mais je mets ça dans des grands guillemets. En même temps j’ai lancé mon entreprise avec 2200€ en poche, une maison qu’on devait construire et 2 petites filles. C’était « full risque » mais je ne me souviens pas avoir eu peur. Je me suis dit que si ça ne marchait pas je me remettrais sur le marché de l’emploi.

 

Quels conseils tu donnerais à une personne qui a envie de créer son entreprise ?

Je lui dirais de prendre du temps pour écouter la petite voix à l’intérieur qu’on appelle l’intuition ou encore l’instinct pour affirmer son désir d’entreprendre et sentir un grand « Oui» bien ancré pour se lancer. Après, il faut se faire confiance, écouter les expériences des autres mais pas trop non plus et puis se dire qu’être entrepreneur ok c’est un défi, si ça marche c’est super mais si ça ne marche pas, il n’y a pas péril en la demeure, il y aura autre chose derrière.

 

Merci pour ce partage Rachel, bonne route à toi 🙂
 
Pour contacter Rachel Vandendooren :

Linkedin 

 r.vandendooren@nouveller.eu

Spectacle (1)980 à la courte échelle  https://courte-echelle.be/agenda/1980-rachel-vandendooren/

 

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